Censure contre Radio X : message envoyé à la SAQ
8 septembre 2013, 21:06
À : info@saq.com
Montréal, le 8 septembre 2013
Madame, Monsieur,
Je suis un client régulier de la SAQ. J'ai pris connaissance aujourd'hui de la nouvelle à l'effet que la SAQ retire ses contrats de publicité au réseau Radio X.
D'après les propos de Monsieur Renaud Dugas, porte-parole de la SAQ, « les commentaires du public et des employés ont été dans les éléments dont on a tenu compte pour prendre notre décision. On se faisait questionner à savoir pourquoi on plaçait [des publicités] dans cette radio-là. Il y avait aussi des commentaires sur Facebook ».
Il semble que, selon les informations que j'ai pu lire, le syndicat des employés de la SAQ ait fait des pressions en vue d'une telle mesure, en plus de l'activisme d'un groupuscule de militants politiques organisés qui ont lancé une campagne dans les réseaux sociaux, campagne ayant mobilisé essentiellement des gens qui partagent leur sensibilité idéologique très particulière.
Il va sans dire que la très vaste majorité des citoyens partageant des vues différentes de celles de ces activistes idéologisés, citoyens constituant une partie non négligeable de la clientèle de la SAQ, n'ont évidemment pas pu s'exprimer dans un tel cadre, et la SAQ n'a donc pu les entendre. À cet effet, Monsieur Dugas a pourtant également affirmé : « On a aussi reçu des commentaires de la clientèle. On a été sensibilisés à ça,»
Devant quoi je crois qu'il serait sûrement judicieux pour Monsieur Dugas et pour les responsables de la SAQ de prendre conscience du fait que ceux qui ont orchestré et participé à la campagne de pressions sur la SAQ afin qu'elle retire ses contrats de publicité à Radio X, ne représentent qu'une partie de ladite «clientèle», clientèle qui est loin de se réduire à ce groupuscule d'activistes qui manoeuvrent seulement par voie de messages électroniques contenant des slogans préfabriqués que ces gens se refilent les uns aux autres grâce à un simple clic de clavier informatique. Ceci en réalité ne demande aucun effort à ceux qui y souscrivent, mais peut toutefois susciter l'illusion qu'un large courant d'opinion partagerait ce point de vue.
Dans sa déclaration, la présidente du syndicat des employés de la SAQ, Madame Katia Lelièvre, affirme que Radio X véhiculerait des « commentaires haineux, à la limite xénophobes, racistes, etc.» Étant donné le fait que la décision de la SAQ a été en grande partie motivée par les pressions exercées par ce même syndicat et par les activistes anti-Radio X qui ont sévi sur les réseaux sociaux, cela signifie donc que la direction de la SAQ adhère elle aussi au point de vue selon lequel Radio X diffuserait des « commentaires haineux, à la limite xénophobes, racistes, etc.»
Sauf que, voyez-vous, j'écoute souvent Radio X. Certains de ses animateurs, il est vrai, me hérissent comme ils choquent bien des gens qui ne partagent pas leurs opinions. Mais je n'ai jamais entendu sur Radio X de « commentaires haineux, à la limite xénophobes, racistes, etc.». C'est ce qui me fait croire que votre décision, dont j'ai pris connaissance aujourd'hui, s'apparente fortement à un exercice de censure, adopté sous la pression de militants idéologiques ultrazélés qui méprisent la liberté d'expression et qui recourent à la diffamation et la calomnie pour nuire à leurs cibles, dans le but de faire taire les opinions dissidentes par rapport aux leurs.
Comme citoyen québécois, mais aussi comme client de la SAQ, je me crois en droit de recevoir des copies des pièces justificatives constituant les preuves formelles de ces accusations graves qui ont conduit la SAQ à prendre la soi-disant «décision d'affaires» (selon les mots de Monsieur Dugas) consistant à retirer ses contrats de publicité au réseau Radio X.
Je désire donc savoir quels sont au juste les « commentaires haineux, à la limite xénophobes, racistes, etc.» qui auraient été diffusés sur Radio X, par qui ces commentaires auraient été prononcés, dans quelle émission et à quelle date. Car j'imagine que vous n'avez pas pris une décision aux conséquences potentiellement si lourdes sans vous être fait fournir les preuves formelles de ces prétendus «commentaires haineux, à la limite xénophobes, racistes, etc.»
Dans l'attente de votre réponse précise aux questions que j'ai l'honneur de vous soumettre dans la présente, je vous prie d'agréer, Monsieur, Madame, l'assurance de mes sentiments distingués.
Daniel Laprès