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MONTRÉAL - 10 octobtre 2014, 19h11
Je suis toujours debout sur mes jambes bien que celles-ci soient encore chancelantes.
Ceux qui espéraient des excuses seront déçus. Je ne regrette rien sur le fond de mon propos de la semaine dernière, peut-être seulement d’avoir manqué de nuances et de finesse dans la manière de dénoncer les iniquités d’un système ainsi que le comportement déplacé et insupportable de partisans qui ne font pas la différence entre le sport universitaire et la lutte professionnelle. Je vous le dis en partant. À mon âge on s’assume même si je vis présentement un deuil, une véritable peine d’amour. Décrire les matches de football des Alouettes n’était pas un boulot mais une passion qui restera désormais inassouvie à tout jamais.
Les radios locales m’ont lapidé vertement. Elles ont réussi à avoir ma peau en transformant un petit brulot en un immense brasier incontrôlable. Elles ont donné un beau spectacle en donnant de mon texte une lecture au premier degré. L’affaire aura fait grand bruit, du moins à l’intérieur des murs de Québec. J’ai été congédié sans appel. Certains ont questionné mon état mental. On m’a même comparé à un tireur fou. J’ai lu et entendu des trucs qui m’ont scié les jambes. Avez-vous vraiment compris que je pense sérieusement que les gens de Québec sont des cannibales qui raffolent du montréalais braisé ou bouilli?
Peut-être n’ai-je en effet aucun talent pour l’humour. Je ne suis qu’un chroniqueur caustique, parfois baveux, outrecuidant et farouchement non-conformiste. Je laisserai désormais l’humour décapant à Mike Ward et aux autres Jean-François Mercier de ce monde. Je ne devrais plus m’y aventurer.
J’avais, bien avant d’avoir signé cette chronique prévu de passer ce week-end à Québec avec ma rousse. En fait, comme détenteur de billets de saison des Stingers de Concordia, j’avais, tout à fait par hasard, gagné ce voyage gracieuseté des commanditaires de l’équipe. J’en étais à la fois heureux et malheureux. Relisez bien mon incendiaire chronique perçu par certains comme un crime contre l’humanité et vous comprendrez que j’aime les charmes de Québec malgré mes moqueries sur son côté « village ». Ce sont ses partisans de football qui me donnent de l’urticaire. Ceux de hockey de l’époque des Nordiques aussi, je le reconnais. Et même si je reconnais qu’il a fier allure ce nouveau Colisée sur lequel j’avais une vue imprenable de ma chambre d’hôtel au 16e étage, je réitère que je ne m’ennuie pas du tout de la rivalité Canadien-Nordiques dont les plus nostalgiques sont probablement ceux qui ne l’ont pas vécu. Si jamais je devais m’asseoir dans les gradins du nouvel amphithéâtre de Québec, j’espère que ce sera pour aller y applaudir un Bruce Springsteen, un David Bowie ou quelqu’autre de mes idoles de la planète rock.
J’étais à la fois heureux à l’idée de cette petite escapade avec ma douce pour un week-end d’amoureux mais aussi terriblement frustré à l’idée que ce qui aurait dû être le clou de l’événement, assister à un match entre nos Stingers de Concordia et le Rouge et Or, ne présentait aucune perspective agréable dans l’environnement hostile stade de Sainte-Foy.
D’entrée de jeu elle m’avait prévenu la grande rousse, bien avant que j’écrive ma chronique, qu’il était hors de question qu’elle assiste au match, elle qui pourtant adore le football et m’accompagne régulièrement à Concordia, qui est aussi son alma-mater, pour applaudir les Stingers. Elle aussi a déjà « subi » les partisans du Rouge et Or au Peps. Elle ne veut plus jamais y remettre les pieds, sa décision est irrévocable. Bref, si je décidais d’aller au match, j’y serais tout seul.
J’avais vraiment l’impression d’avoir reçu un cadeau empoisonné. Nous partions pour Québec vendredi soir, en train avec un retour prévu dimanche en fin d’après-midi. Le voyage en classe affaires et l’hôtel, le Windham TRYP Pur, étaient une gracieuseté de Via-Rail. C’était inscrit dans nos agendas depuis plus d’un mois. Mais vendredi, démoli par la perte d’un micro que j’aimais plus que tout, le cœur brisé et la tête bourrée d’idées plus noires les unes que les autres je ne savais plus quoi faire. Oui, j’étais anéanti. Jusqu’à la dernière minute j’ai eu envie de tout annuler. J’imaginais le pire. Je craignais qu’une horde allumée par la vindicte populaire encouragée par certains médias locaux nous attende à la Gare du Palais pour nous attaquer. À entendre et à lire certains, je m’étais mis à dos la ville entière. Nenni. Partout, nous avons eu droit à l’hospitalité touristique que j’aime tant de Québec, celle que je ne retrouve surtout pas dans le stade de Sainte-Foy.
On s’est baladé à pied, malgré le vent et une pluie fine, dans le quartier Saint-Roch et le Vieux-Québec. Quand nous avions l’air un peu perdus, des gens sont venus à notre rescousse pour nous guider le plus gentiment possible. On a vu les grands paquebots de croisière amarrés dans le vieux port, visité quelques musées, dont celui de la civilisation pour voir de près le fameux traité de Paris (celui que Stephen Harper souhaitait nous cacher) avant d’aller découvrir un divin petit restaurant sur la rue Saint-Louis où le risotto au confit de canard et foie gras était particulièrement mémorable.
Si vous allez à Québec, un arrêt au Bello Ristorante est un incontournable. Que les mauvaises langues se retiennent, j’ai payé mon repas, ce n’est pas une publicité déguisée. Ce fut un vrai coup de cœur et c’est pourquoi je vous en parle. Le chef a été formé chez Bocuse et ça paraît. De plus, ils ont une belle gamme de vins en importation privée à découvrir. Nous on y retournera c’est certain. Finalement, ce week-end nous aura fait grand bien à tous les deux. Il n’était toutefois pas question de le gâcher en se présentant au Stade du Rouge et Or. J’ai donné mes billets à des gens de Québec. J’espère avoir fait des heureux.
Merci à tous ceux, vous êtes plusieurs centaines, qui m’ont écrit ou appelé pour me signifier leur appui, leur solidarité et leurs encouragements au milieu de la pire tempête de mon existence. Je dois vous avouer que j’ai été agréablement surpris de recevoir autant de fleurs au moment où j’avais l’impression que l’humanité toute entière voulait m’anéantir, me déchiqueter et refiler les restes de ma dépouille aux hyènes sauvages. Vous aurez apporté un baume sur ma plaie qui est encore béante.
Pour ce qui est de la suite des choses il est trop tôt pour le dire, sinon que je continuerai d’écrire pour Le Journal Opinion + et vous parler de football, de formule un et de boxe.
Charle-André Marchand
MONTRÉAL - 10 octobtre 2014, 19h11
Admin a écrit:Charles-Anfré Marchand
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