L’éducation est la clé de l’évolution. L’accès à l’instruction supérieure est donc un droit dont une nation ne peut se passer.
Je pense cependant qu’il est pratiquement inconcevable de geler indéfiniment les frais de scolarité. À mon avis, la grave erreur des gouvernements précédents a été de ne pas avoir haussé les frais de façon graduelle depuis 20 ans, pour ainsi faire assumer l’augmentation du coût par plusieurs générations d’étudiants, au lieu de le faire seulement sur cinq ans tel que prévu actuellement.
Depuis quelque temps, on entend plusieurs « propositions » discutables. L’argument à l’effet que les étudiants devraient se passer de leur cellulaire, tablette électronique ou même de leur ordinateur portable, est inacceptable… on ne renonce pas au progrès. Toutefois, je crois qu’il y a lieu de faire un examen à ce propos. Les étudiants ont bien sûr un cellulaire : certains se contentent d’un forfait à 30 $ par mois; d’autres ont opté pour un forfait qui leur coûte 75 $ par mois. Les étudiants ont leur ordinateur : certains ont acheté un PC de base qui fait aisément le travail; d’autres ont acheté un Mac qui coûte 4 fois le prix. Des étudiants utilisent l’autobus et le métro pour se rendre au cégep ou à l’université, ou utilisent une auto usagée peu coûteuse; d’autres ont une auto neuve, parfois même de luxe. Je connais des étudiants universitaires qui, et ce n’est pas une blague, font un voyage durant leur semaine de relâche l’automne, vont faire du ski aux États-Unis ou dans l’ouest canadien durant les vacances des Fêtes, font un autre voyage durant leur semaine de relâche en février et, pour se récompenser, font un autre voyage à la fin de l’année scolaire; d’autres cependant en profitent pour travailler et gagner de l’argent dès qu’ils ont quelques jours ou semaines de congé. C’est dans ces choix que je vois toute la différence. Certains jeunes oublient que dans tout apprentissage (y compris celui de la vie), il faut commencer au bas de l’échelle. Quand on mène une vie d’étudiants, on ne peut pas (on ne devrait pas) se permettre d’avoir ce qu’un travailleur à temps plein n’a même pas les moyens de s’acheter. Il y a un temps pour chaque chose… Ils ne doivent pas espérer avoir à 20 ans ce que leurs parents ont mis de nombreuses années à pouvoir s’offrir.
On entend dire aussi que le gouvernement devrait prendre l’argent ailleurs… Parler de la piètre administration de nos dirigeants est selon moi un état de fait plutôt qu’un argument, dans le sens où cela peut être invoqué pour n’importe quelle revendication, comme pour les frais de santé entre autres. Mais je n’en pense pas moins : les dépenses éhontées sont un scandale et bien sûr, si on pouvait faire un choix, l’éducation devrait être priorisée. Les dépenses inutiles et injustifiées de plusieurs ministères ne devraient pas exister et la corruption est inadmissible. Quels vœux pieux, quand on sait très bien qu’aucun gouvernement n’a le courage de s’y attaquer véritablement!
En ce qui concerne les grèves, bien évidemment la liberté d’expression et le droit de manifester sont reconnus. Une chose dans laquelle je ne marche pas cependant, c’est que j’ai la nette impression qu’il y a une incohérence entre le discours des étudiants clamant la démocratie et leur façon de procéder au vote de grève. Quelques exemples… Au cégep de l’Assomption, l’assemblée générale des étudiants a débuté par un long discours d’un étudiant provenant du cégep Lionel-Groulx, faisant la promotion d’un vote en faveur de la grève. Au cégep de Terrebonne, c’est un étudiant du cégep de Joliette qui est allé convaincre les étudiants de voter pour la grève. À l’Université de Montréal, dans certains programmes, l’association étudiante sachant très bien que les élèves en fin de bac ne souhaitent pas du tout aller en grève, s’est arrangée pour tenir le vote durant leurs examens pour qu’ils ne puissent aller voter. Ces façons de faire sont à l’opposé de ce que j’appelle un processus démocratique. Il aurait fallu, à tout le moins, que durant les assemblées un représentant vienne aussi discuter avec les étudiants d’un vote contre la grève… au lieu de faire la promotion du vote en faveur de la grève.
On réclame le droit aux manifestations et aux grèves, mais il ne faut pas oublier que la poursuite d’une session d’études qu'un étudiant a payée est tout aussi un droit.
Quoi qu’il en soit, je serai toujours d’avis qu’un étudiant qui souhaite poursuivre des études supérieures et qui n’en a pas les moyens doit pouvoir accéder aux ressources nécessaires pour y parvenir… notamment au moyen d’un système de prêts et bourses amélioré et mieux adapté aux besoins des étudiants.