Les Britanniques entre colère et indignation après l'assassinat d'un soldat près de Londres
Une passante dépose des fleurs sur les lieux de l'agression, le 23 mai 2013.
REUTERS/Neil Hall
Par RFI
Deux hommes ont tué un soldat britannique à proximité de sa caserne, hier mercredi 22 mai. Ils l'ont attaqué en pleine rue de Woolwich, dans la banlieue londonienne, à coups de hachoir et de couteau. Se revendiquant d'Allah, ils se sont laissé filmer avant que la police ne les interpelle. Le Premier ministre David Cameron, écourtant une visite en France, dénonce une attaque épouvantable, de nature terroriste.
Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix
L'opinion britannique a été profondément choquée par cette attaque. La plupart des Unes de journaux ont montré, mercredi 22 mai, la photo de l'un des tueurs, hachoir et couteau entre ses mains ensanglantées.
Le Daily Telegraph publie le témoignage d’une femme, une cheftaine scoute, qui a défié les agresseurs. Elle raconte qu’ils parlaient de lancer une guerre à Londres et qu’elle a tenté de les persuader de se rendre. En vain.
Les deux hommes, âgés entre 25 et 30 ans, sur lesquels les policiers ont ouvert le feu, sont désormais sous bonne garde à l’hôpital. Pendant la nuit, la police a été forcée de faire disparaître toute trace de cet assassinat brutal dans les rues de Woolitch.
La Une du journal britannique «Daily Mirror» : «le visage diabolique de la terreur».
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L'extrême droite dans la rue
Malgré les appels au calme des autorités, dans les heures qui ont suivi le meurtre, une centaine de sympathisants de la Ligue de défense britannique, un groupe d’extrême droite, sont descendus dans la rue. Certains étaient cagoulés et portaient le drapeau rouge et blanc de l’Angleterre avec la croix de Saint-Georges.
Des échauffourées ont éclaté avec la police antiémeutes, avant qu’elle ne les disperse. Déjà, on craint que cette attaque ne ravive les tensions raciales et religieuses qui avaient suivi les attentats terroristes de Londres en 2005. D’où la prompte réaction des représentants de la communauté musulmane qui ont immédiatement condamné cet acte barbare et ont appelé toutes les communautés musulmanes et non musulmanes à rester solidaires.
Comité « cobra »
Les autorités ont immédiatement réagi avec la mise en oeuvre du comité de crise « cobra », déployé lorsque la sécurité nationale est menacée. Le gouvernement a tout de suite évoqué un acte terroriste. D’après la presse, l’une des premières préoccupations des services de sécurité, lors de ce prochain comité d’urgence, sera de vérifier l’identité des tueurs. Il s'agit ainsi de savoir s'ils étaient déjà apparus sur le radar du MI5, le service de contre-terrorisme britannique, ou encore s'ils ont agi seul.
Le Premier ministre britannique, David Cameron, a dû écourter sa visite en France. Le président François Hollande a de son côté exprimé son soutien : « Je veux une nouvelle fois exprimer toute ma solidarité à l’égard du peuple britannique, mais dire aussi que nous coopérons tous les jours - nos services de renseignements - pour permettre de lutter efficacement contre le terrorisme. »
Le discours tenu par le tueur, filmé par un amateur, déploie toute la rhétorique utilisée par les terroristes jihadistes : il évoque des représailles pour leur terre souillée par les soldats britanniques. « La raison pour laquelle nous faisons cela, a-t-il proclamé, c’est que des musulmans meurent chaque jour. »
VIDÉO TOURNÉE APRÈS L'AGRESSION. (CES IMAGES PEUVENT CHOQUER)
Une source proche de l’enquête a notamment évoqué une piste nigériane ou somalienne, pays dans lesquels les réseaux d'al-Qaïda sont très actifs depuis plusieurs années. Les autorités doivent rapidement décider d'élever ou non, en fonction des premières conclusions de l'enquête, le niveau d'alerte terroriste.
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