http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/politique/2015/12/14/001-commission-charbonneau-dissidence-renaud-lachance-explications-lettre-medias.shtml
Le commissaire Renaud Lachance réaffirme les raisons de sa dissidence contenue dans le rapport final de la commission Charbonneau dans une lettre de cinq pages adressée aux médias, lundi, et déplore l'« agressivité » des critiques et la « chasse aux sorcières » dont il fait l'objet,
M. Lachance commence par expliquer que ses « interventions étaient peu nombreuses, mais allaient droit au but et étaient toujours reliées au mandat de la Commission ».
Il écrit que depuis la publication du rapport de la Commission où il a exprimé son désaccord « sur l'existence d'un lien indirect entre le versement d'une contribution politique ayant permis l'obtention d'un contrat public », il constate des commentaires le concernant d'« une grande agressivité, souvent plus grande que celle exprimée envers des témoins ».
Pour défendre sa rigueur, M. Lachance passe en revue sa carrière comme enseignant d'abord et comme vérificateur général, poste qu'il a occupé de 2004 à 2011.
« Cette nomination exige une totale neutralité politique, soit de ne pas être membre d'un parti, ni d'y être associé de quelque façon que ce soit. C'était mon cas et c'est toujours mon cas », écrit-il.
« Pendant les années où j'ai occupé cette fonction, personne n'a dit que les vérifications que j'ai faites étaient tendres ou peu critiques envers la gestion gouvernementale, bien au contraire », explique-t-il.
« Quelle hérésie ! », écrit-il à propos de ceux qui l'accusent d'être « à la solde du gouvernement dirigé par le même parti que celui en place pendant toutes les années » où il était vérificateur général.
Il affirme qu'il a accepté en 2011 de se joindre à la commission Charbonneau « sans aucune intervention politique ».
Sa dissidence
Ce n'est qu'à la troisième page de sa lettre que M. Lachance rentre dans le vif du sujet; soit sa dissidence.
« J'ai vérifié la gestion publique pendant sept ans de manière rigoureuse et en respect de mes normes professionnelles. Au gouvernement du Québec, l'octroi de contrats est bien différent de ce qui se fait au niveau municipal. La quasi-totalité des contrats reliés à la construction est octroyée par des fonctionnaires et non par des élus. Les contrats restants concernent certains travaux d'entretien d'asphalte accordés par le ministère des Transports du Québec. Les élus peuvent intervenir dans l'octroi de ces contrats, mais aucun témoin n'a dit devant la Commission qu'il avait reçu indirectement un tel contrat en retour d'une contribution politique. À cause de l'absence d'un tel témoignage et de la rigueur inhérente à ma profession »
— Renaud Lachance
C'est pour ces raisons qu'il a exprimé son désaccord quant à l'affirmation de « l'existence d'un lien indirect entre l'octroi d'un contrat public et une contribution politique ».
« Des phrases sorties de leur contexte »
Pour ce qui est des échanges de courriels révélés par Radio-Canada. M. Lachance estime que les phrases citées dans le reportage étaient sorties de leur contexte. Il se défend en disant que ces échanges étaient reliés à des échanges verbaux.
M. Lachance refuse de commenter ces courriels avançant sa volonté de respecter son « serment de confidentialité ».
Il défend à la fin de sa missive sa nomination au poste de vérificateur général et comme commissaire à la Commission Charbonneau, car il est « une personne apolitique, rigoureuse, intègre et surtout qui n'espère rien en retour ».
Radio-Canada avait révélé le 10 décembre dernier que M. Lachance avait voulu atténuer la critique envers les partis politiques, notamment le Parti libéral du Québec, dans le rapport de la Commission Charbonneau.
« Parler de choses plus sérieuses »
« Maintenant, plutôt qu'une chasse aux sorcières dont je semble être la principale cible, ne serait-il pas plus utile de parler des choses plus sérieuses comme les stratagèmes frauduleux identifiés par la Commission et les recommandations faites pour y remédier? », s'interroge Renaud Lachance à la fin de sa lettre.
Et il conclut en affirmant qu'il ne fera aucun autre commentaire sur la commission Charbonneau et ses travaux, parce que son devoir de confidentialité l'y oblige.