L'ancien ministre des transports "Sam à marde" désintéressé par son rapport.
Lia Lévesque
La Presse Canadienne
Montréal
L'ancien chef de l'Unité anticollusion Jacques Duchesneau a affirmé, jeudi, à la Commission Charbonneau, que l'ancien ministre des Transports Sam Hamad n'était même pas intéressé par son rapport quand il le lui a présenté, le 1er septembre 2011, avant de le rendre public. Il ne voulait même pas y toucher.
Au cours de la deuxième journée de son témoignage, jeudi, M. Duchesneau a raconté que son rapport a été accueilli froidement par le ministre, qui ne l'écoutait même pas quand il le lui présentait verbalement. Il a même compris qu'il valait mieux ne pas élaborer sur le chapitre portant sur le financement des partis politiques.
M. Duchesneau en est ressorti convaincu que son rapport-choc sur les liens entre les firmes de génie, les entreprises de construction et le financement des partis politiques serait «tabletté», ce qui le frustrait énormément.
Il voulait que son travail serve à quelque chose, lui qui avait rencontré 500 personnes pour écrire ce rapport. Il a donc décidé de le refiler lui-même à une journaliste, qui s'apprêtait de toute façon à sortir la version préliminaire.
Plus tôt dans la journée, M. Duchesneau a relaté qu'au fil des enquêtes, son équipe avait identifié 66 stratagèmes permettant de contourner les règles d'octroi des contrats dans la construction. Mais il a plus tard corrigé le tir, en évoquant «plus d'une centaine».
Des entrepreneurs au départ honnêtes sont plus ou moins contraints de respecter «la règle», a-t-il dit. Si un entrepreneur dépose une offre pour un projet quand d'autres lui disent de ne pas le faire, il va en payer le prix.
M. Duchesneau a rapporté le cas d'entrepreneurs qui ont été menacés physiquement, battus, ou d'autres qui ont été «asphyxiés de façon économique». D'autres avaient besoin d'une garantie financière, mais soudainement, leur compagnie d'assurances ne voulait plus les couvrir. Dans d'autres cas, des paiements à un entrepreneur étaient retenus parce qu'il ne manquait que quelques mètres de tourbe pour terminer un contrat.
Selon M. Duchesneau, il était clair que certains «manipulaient par en arrière» pour nuire à ces entrepreneurs qui ne voulaient pas suivre les règles. Tout le monde dans la construction est obligé, un jour ou l'autre, de suivre les règles édictées par d'autres, a-t-il témoigné.
Il a affirmé avoir vu «plus d'entrepreneurs victimes du système» que d'entrepreneurs qui tiraient les ficelles.
Autre menace de démission
Plus tôt dans son témoignage, jeudi, M. Duchesneau a révélé qu'il avait menacé de démissionner une autre fois de son poste, à la fin de 2010, cette fois après que le milieu politique soit devenu frileux à la suite de reportages laissant planer des doutes sur son intégrité lors de son passage en politique municipale.
Jacques Duchesneau a exprimé sa lassitude de voir ce qu'il appelait une vieille histoire revenir ponctuellement dans l'actualité pour laisser planer des doutes sur le financement de sa campagne électorale municipale en 1998.
Quand le réseau TVA et le Journal de Montréal ont ressorti cette histoire, il a été convoqué au ministère, où le ton a monté. Après un échange qu'il a qualifié de «musclé», on lui a dit qu'on voulait le suspendre. Il a juré qu'il n'avait rien à se reprocher, mais ses interlocuteurs répliquaient que c'était une question de perception.
Ensuite, M. Duchesneau a affirmé que c'est le cabinet du premier ministre qui a voulu le suspendre. Encore une fois, il a juré de sa probité. «J'ai dit: "Je n'ai rien à me reprocher et vous ne me suspendrez pas, sinon je vais démissionner et faire ma propre conférence de presse"».
Finalement, il a appelé le ministre à demander au Directeur général des élections de faire enquête. L'enquête a duré trois mois - ce qu'il appelle son «purgatoire». Il est revenu à l'Unité anticollusion en février 2011, après avoir été blanchi par l'enquête du DGE.
http://www.lapresse.ca/actualites/dossiers/commission-charbonneau/201206/14/01-4534853-jacques-duchesneau-le-ministre-hamad-desinteresse-par-son-rapport.php
Lia Lévesque
La Presse Canadienne
Montréal
L'ancien chef de l'Unité anticollusion Jacques Duchesneau a affirmé, jeudi, à la Commission Charbonneau, que l'ancien ministre des Transports Sam Hamad n'était même pas intéressé par son rapport quand il le lui a présenté, le 1er septembre 2011, avant de le rendre public. Il ne voulait même pas y toucher.
Au cours de la deuxième journée de son témoignage, jeudi, M. Duchesneau a raconté que son rapport a été accueilli froidement par le ministre, qui ne l'écoutait même pas quand il le lui présentait verbalement. Il a même compris qu'il valait mieux ne pas élaborer sur le chapitre portant sur le financement des partis politiques.
M. Duchesneau en est ressorti convaincu que son rapport-choc sur les liens entre les firmes de génie, les entreprises de construction et le financement des partis politiques serait «tabletté», ce qui le frustrait énormément.
Il voulait que son travail serve à quelque chose, lui qui avait rencontré 500 personnes pour écrire ce rapport. Il a donc décidé de le refiler lui-même à une journaliste, qui s'apprêtait de toute façon à sortir la version préliminaire.
Plus tôt dans la journée, M. Duchesneau a relaté qu'au fil des enquêtes, son équipe avait identifié 66 stratagèmes permettant de contourner les règles d'octroi des contrats dans la construction. Mais il a plus tard corrigé le tir, en évoquant «plus d'une centaine».
Des entrepreneurs au départ honnêtes sont plus ou moins contraints de respecter «la règle», a-t-il dit. Si un entrepreneur dépose une offre pour un projet quand d'autres lui disent de ne pas le faire, il va en payer le prix.
M. Duchesneau a rapporté le cas d'entrepreneurs qui ont été menacés physiquement, battus, ou d'autres qui ont été «asphyxiés de façon économique». D'autres avaient besoin d'une garantie financière, mais soudainement, leur compagnie d'assurances ne voulait plus les couvrir. Dans d'autres cas, des paiements à un entrepreneur étaient retenus parce qu'il ne manquait que quelques mètres de tourbe pour terminer un contrat.
Selon M. Duchesneau, il était clair que certains «manipulaient par en arrière» pour nuire à ces entrepreneurs qui ne voulaient pas suivre les règles. Tout le monde dans la construction est obligé, un jour ou l'autre, de suivre les règles édictées par d'autres, a-t-il témoigné.
Il a affirmé avoir vu «plus d'entrepreneurs victimes du système» que d'entrepreneurs qui tiraient les ficelles.
Autre menace de démission
Plus tôt dans son témoignage, jeudi, M. Duchesneau a révélé qu'il avait menacé de démissionner une autre fois de son poste, à la fin de 2010, cette fois après que le milieu politique soit devenu frileux à la suite de reportages laissant planer des doutes sur son intégrité lors de son passage en politique municipale.
Jacques Duchesneau a exprimé sa lassitude de voir ce qu'il appelait une vieille histoire revenir ponctuellement dans l'actualité pour laisser planer des doutes sur le financement de sa campagne électorale municipale en 1998.
Quand le réseau TVA et le Journal de Montréal ont ressorti cette histoire, il a été convoqué au ministère, où le ton a monté. Après un échange qu'il a qualifié de «musclé», on lui a dit qu'on voulait le suspendre. Il a juré qu'il n'avait rien à se reprocher, mais ses interlocuteurs répliquaient que c'était une question de perception.
Ensuite, M. Duchesneau a affirmé que c'est le cabinet du premier ministre qui a voulu le suspendre. Encore une fois, il a juré de sa probité. «J'ai dit: "Je n'ai rien à me reprocher et vous ne me suspendrez pas, sinon je vais démissionner et faire ma propre conférence de presse"».
Finalement, il a appelé le ministre à demander au Directeur général des élections de faire enquête. L'enquête a duré trois mois - ce qu'il appelle son «purgatoire». Il est revenu à l'Unité anticollusion en février 2011, après avoir été blanchi par l'enquête du DGE.
http://www.lapresse.ca/actualites/dossiers/commission-charbonneau/201206/14/01-4534853-jacques-duchesneau-le-ministre-hamad-desinteresse-par-son-rapport.php