Chaque année, les policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) sont impliqués dans plus de 400 accidents de la route et, dans la majorité des cas, ces collisions surviennent lors d'opérations de routine et non dans un contexte d'urgence, a appris le Journal.
Si les accidents comptabilisés par le SPVM sont en diminution depuis six ans, il n'en reste pas moins qu'en 2010 seulement, les policiers ont été mêlés à 433 collisions, révèlent des données obtenues en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.
Seule une minorité de ces accidents sont survenus lors d'un appel d'urgence. Dans plus de la moitié des cas (50 %), les collisions ont eu lieu alors que les policiers effectuaient un travail de routine, comme la patrouille ou la gestion de la circulation.
Bien qu'ils couvrent un territoire moins populeux, les services de police des villes avoisinantes présentent un bilan nettement plus reluisant que les policiers montréalais.
L'an dernier, on dénombrait en effet 111 accidents impliquant les policiers de l'agglomération de Longueuil et 77 chez leurs confrères lavallois.
Contacté par le Journal, l'ancien policier Robert Poéti, autrefois responsable de la sécurité routière pour la Sûreté du Québec, a été très «surpris» de constater le nombre élevé de collisions impliquant des agents du SPVM.
«Les corps policiers doivent s'assurer d'offrir un encadrement adéquat à leurs agents, qui surestiment parfois leurs capacités au volant, dit-il. Il faut éviter à tout prix que l'on blesse des citoyens en allant en sauver d'autres.»
«La formation et l'encadrement sont cruciaux, surtout pour les jeunes policiers qui ne sont pas différents des autres jeunes de leur âge, poursuit-il. Ils peuvent commettre des erreurs. Ils ont les compétences nécessaires pour conduire des autopatrouilles, mais ils manquent parfois d'expérience concrète sur le terrain.»
Ce dernier croit qu'on peut faire mieux et qu'il y a «place à amélioration».
«Certains policiers doivent comparaître devant le comité de déontologie en raison de leur comportement sur la route. Il faut éviter cela le plus possible et prêcher par l'exemple», affirme M. Poéti.
Selon les recherches effectuées par le Journal, au moins quatre agents, provenant de différents corps policiers, ont en effet été blâmés par le comité de déontologie, au cours des deux dernières années, pour ne pas avoir «utilisé une pièce d'équipement (véhicule de police) avec prudence et discernement».
Un bilan «satisfaisant»
De son côté, le SPVM se dit «satisfait» de son bilan routier.
«Nos autopatrouilles sont sur la route 24 heures sur 24 et parcourent des centaines de kilomètres par jour, affirme le porte-parole Ian Lafrenière. Compte tenu du nombre d'accidents, nous pouvons dire que nous avons un très bon bilan.»
«Le nombre de collisions impliquant nos policiers est par ailleurs en forte baisse depuis quelques années, car nous avons mis en place plusieurs mesures dont l'ajout d'une quarantaine de moniteurs de conduite dans nos postes de quartier.»
«Chaque accident fait l'objet d'une évaluation par un superviseur et, si nécessaire, le policier doit suivre un cours d'appoint. Les accidents ne tombent pas dans les oubliettes, il y a un suivi qui est fait à chaque fois», insiste-t-il.
Selon les prévisions budgétaires du SPVM pour 2010, on compte environ 12,9 millions de dollars pour l'entretien de sa flotte automobile ainsi que l'achat de nouveaux véhicules.
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NATURE DU TRAVAIL LORS DE L'ACCIDENT (2010)
Patrouille: 34,4 %
Appel: 25,6 %
Déplacement pour le SPVM: 10 %
Urgence: 10 %
Interception: 9 %
Filature: 5,5 %
Circulation: 2 %
Poursuite: 2 %
Autre: 1,5 %
NOMBRE D'ACCIDENTS IMPLIQUANT DES POLICIERS DU SPVM
2006: 593
2007: 519
2008: 520 2009: 434
2010: 433
SOURCE: SPVM
http://fr.canoe.ca/infos/societe/archives/2012/01/20120104-053800.html