J'ai l'impression que les dirigeants actuels de Radcan sont encore plus incompétent que ceux de Corus il y a quelques années
Nathalie Petrowski
La Presse
La nouvelle carrière de chroniqueur de Gilles Duceppe à la radio de Radio-Canada aura été de courte durée. Embauché lundi pour une participation hebdomadaire à Médium large, la nouvelle émission du matin animée par Catherine Perrin, l'ex-chef du Bloc québécois ne faisait déjà plus partie de l'équipe hier. Et cela, avant même d'avoir ouvert la bouche ou de s'être approché d'un micro de radio!
Raison? Un malentendu entre la SRC et M. Duceppe sur la nature de son mandat et sur les sujets qu'il pouvait aborder sans contrevenir à une politique interne. Cette politique vise les ex-politiciens et stipule qu'ils doivent respecter un délai de deux ans avant de participer à des débats publics sur les ondes de la SRC en tant que chroniqueurs, animateurs ou journalistes.
Gilles Duceppe n'était pas au courant du délai de deux ans. «Ce que je sais, par contre, c'est que la SRC n'a pas attendu deux ans avant d'embaucher Liza Frulla, a-t-il affirmé hier au téléphone. Elle a perdu ses élections en 2006 et, en 2007, elle était de retour en ondes.»
L'ex-chef du Bloc québécois est d'autant plus déçu par la tournure des événements qu'il n'a jamais proposé ses services ni demandé quoi que ce soit à la SRC. Il était en voyage au Portugal lorsqu'un membre de l'équipe de Médium large a pris contact avec lui. «J'ai trouvé que la proposition était intéressante et le timing, excellent. Mais si j'ai accepté, ce n'est certainement pas pour l'argent. Ils m'offraient 300$ par émission. J'ai accepté pour pouvoir parler de toutes sortes de sujets - sociaux, culturels, économiques, environnementaux, sportifs et politiques aussi, mais de manière non partisane. Pour moi, c'était une façon de revenir à la vie active et de lutter contre le cynisme ambiant.»
Gilles Duceppe raconte que mardi, après avoir accordé une entrevue à Benoît Dutrizac au 98,5 où il a annoncé ses intentions et ce qu'il entendait faire précisément avec cette chronique intitulée «La performance de la semaine», il a reçu un appel du réalisateur de Médium large, Bernard Michaud. Ce dernier l'a vivement félicité en lui disant: «Vous avez tout compris. C'est exactement ce qu'on attend de vous pour notre émission.»
Pourtant, 24 heures plus tard, alors que les médias anglophones s'indignaient à pleines pages dans les journaux de l'embauche d'un séparatiste par une institution fédérale, tout a basculé. Ce qui, la veille, faisait l'affaire de l'équipe de production ne faisait plus du tout l'affaire de l'équipe de direction. De toute évidence, aucun des deux camps ne s'était consulté ni n'avait réfléchi aux remous que l'embauche d'un ex-chef souverainiste allait nécessairement créer.
Hier matin, Gilles Duceppe était attendu à l'émission Sans préliminaires animée par Franco Nuovo. Il devait y parler de sa nouvelle chronique, mais sans doute aussi répondre aux critiques qui l'accusent de profiter du système fédéral tout en cherchant à le détruire. Gilles Duceppe n'a jamais réussi à se rendre en ondes. La direction de la radio l'a retenu dans ses bureaux jusqu'à la fin de l'émission de Nuovo. «Disons qu'ils se sont arrangés pour prolonger la discussion», a-t-il ironisé.
Selon Duceppe, la goutte qui a fait déborder le vase est l'Arctique.
Chez Dutrizac, comme au Journal de Montréal, Duceppe a évoqué le développement de l'Arctique comme exemple de sujet qu'il voulait aborder. Or, la direction de la radio a trouvé que c'était exactement le genre de dossier politiquement explosif sur lequel il n'avait pas le droit de se prononcer avant deux ans. Devant le nombre de contraintes qui lui ont été subitement imposées, Gilles Duceppe a préféré se retirer. «J'aurais adoré faire cette émission, mais pas à ces conditions-là», a-t-il conclu avant d'ajouter, à la blague, qu'il allait fonder un syndicat avec Jacques Languirand, qui vient d'être suspendu des ondes pour avoir insulté l'équipe des communications lors du lancement de la programmation radio.
Chose certaine, avec la suspension de Languirand et la démission plus ou moins forcée de Gilles Duceppe - autant de crises qui auraient sans doute pu être évitées -, la radio de Radio-Canada commence sa saison d'une drôle de façon.
Nathalie Petrowski
La Presse
La nouvelle carrière de chroniqueur de Gilles Duceppe à la radio de Radio-Canada aura été de courte durée. Embauché lundi pour une participation hebdomadaire à Médium large, la nouvelle émission du matin animée par Catherine Perrin, l'ex-chef du Bloc québécois ne faisait déjà plus partie de l'équipe hier. Et cela, avant même d'avoir ouvert la bouche ou de s'être approché d'un micro de radio!
Raison? Un malentendu entre la SRC et M. Duceppe sur la nature de son mandat et sur les sujets qu'il pouvait aborder sans contrevenir à une politique interne. Cette politique vise les ex-politiciens et stipule qu'ils doivent respecter un délai de deux ans avant de participer à des débats publics sur les ondes de la SRC en tant que chroniqueurs, animateurs ou journalistes.
Gilles Duceppe n'était pas au courant du délai de deux ans. «Ce que je sais, par contre, c'est que la SRC n'a pas attendu deux ans avant d'embaucher Liza Frulla, a-t-il affirmé hier au téléphone. Elle a perdu ses élections en 2006 et, en 2007, elle était de retour en ondes.»
L'ex-chef du Bloc québécois est d'autant plus déçu par la tournure des événements qu'il n'a jamais proposé ses services ni demandé quoi que ce soit à la SRC. Il était en voyage au Portugal lorsqu'un membre de l'équipe de Médium large a pris contact avec lui. «J'ai trouvé que la proposition était intéressante et le timing, excellent. Mais si j'ai accepté, ce n'est certainement pas pour l'argent. Ils m'offraient 300$ par émission. J'ai accepté pour pouvoir parler de toutes sortes de sujets - sociaux, culturels, économiques, environnementaux, sportifs et politiques aussi, mais de manière non partisane. Pour moi, c'était une façon de revenir à la vie active et de lutter contre le cynisme ambiant.»
Gilles Duceppe raconte que mardi, après avoir accordé une entrevue à Benoît Dutrizac au 98,5 où il a annoncé ses intentions et ce qu'il entendait faire précisément avec cette chronique intitulée «La performance de la semaine», il a reçu un appel du réalisateur de Médium large, Bernard Michaud. Ce dernier l'a vivement félicité en lui disant: «Vous avez tout compris. C'est exactement ce qu'on attend de vous pour notre émission.»
Pourtant, 24 heures plus tard, alors que les médias anglophones s'indignaient à pleines pages dans les journaux de l'embauche d'un séparatiste par une institution fédérale, tout a basculé. Ce qui, la veille, faisait l'affaire de l'équipe de production ne faisait plus du tout l'affaire de l'équipe de direction. De toute évidence, aucun des deux camps ne s'était consulté ni n'avait réfléchi aux remous que l'embauche d'un ex-chef souverainiste allait nécessairement créer.
Hier matin, Gilles Duceppe était attendu à l'émission Sans préliminaires animée par Franco Nuovo. Il devait y parler de sa nouvelle chronique, mais sans doute aussi répondre aux critiques qui l'accusent de profiter du système fédéral tout en cherchant à le détruire. Gilles Duceppe n'a jamais réussi à se rendre en ondes. La direction de la radio l'a retenu dans ses bureaux jusqu'à la fin de l'émission de Nuovo. «Disons qu'ils se sont arrangés pour prolonger la discussion», a-t-il ironisé.
Selon Duceppe, la goutte qui a fait déborder le vase est l'Arctique.
Chez Dutrizac, comme au Journal de Montréal, Duceppe a évoqué le développement de l'Arctique comme exemple de sujet qu'il voulait aborder. Or, la direction de la radio a trouvé que c'était exactement le genre de dossier politiquement explosif sur lequel il n'avait pas le droit de se prononcer avant deux ans. Devant le nombre de contraintes qui lui ont été subitement imposées, Gilles Duceppe a préféré se retirer. «J'aurais adoré faire cette émission, mais pas à ces conditions-là», a-t-il conclu avant d'ajouter, à la blague, qu'il allait fonder un syndicat avec Jacques Languirand, qui vient d'être suspendu des ondes pour avoir insulté l'équipe des communications lors du lancement de la programmation radio.
Chose certaine, avec la suspension de Languirand et la démission plus ou moins forcée de Gilles Duceppe - autant de crises qui auraient sans doute pu être évitées -, la radio de Radio-Canada commence sa saison d'une drôle de façon.