L'éradication du tabac en Finlande est sur la bonne voie et le processus prévu sur cinq ans se passe si bien que les autorités finlandaises se félicitent de recevoir des demandes de conseils à ce sujet en provenance du monde entier.
"Aujourd'hui, de nombreux pays parlent de réduire la consommation de tabac et ses effets néfastes, mais l'idée de dire que nous allons complètement nous en débarrasser est révolutionnaire", a dit mercredi à l'AFP le porte-parole du ministère des Affaires sociales et de la santé, Kari Paaso.
En Finlande, la révolution s'est mise en marche en octobre. Une série de nouvelles lois sont entrées en vigueur interdisant la possession de tabac pour les jeunes de moins de 18 ans et faisant de la vente ou du don de tabac à un mineur un délit criminel passible de six mois de prison.
Le plan quinquennal prévoit non pas d'interdire le tabac mais d'en rendre la vente et l'achat de plus en plus difficiles.
La première phase a aussi rendu illégal de vendre ou d'acheter du tabac sur l'internet, de consommer du tabac dans les lieux fréquentés par des mineurs ou de fumer dans les gradins de n'importe quel événement public se déroulant en extérieur.
"Ca se passe étonnamment bien (...) et l'exemple finlandais provoque énormément d'intérêt. J'ai été invité à en parler dans le monde entier", se félicite M. Paaso.
La phase suivante, attendue en 2012, rendra illégal de présenter des produits issus du tabac dans les magasins et en 2015, les distributeurs automatiques de cigarettes seront bannis.
"A mon avis, c'est le seul moyen d'y arriver. On ne peut espérer vaincre le tabac à petites touches. Il faut des mesures drastiques", affirme M. Paaso.
Helsinki estime que l'erreur commise par nombre de pays qui luttent contre la consommation de tabac est justement de s'y attaquer par petites touches.
"La France, par exemple, est devenue plus stricte lorsqu'en 2004 elle a augmenté les taxes sur le tabac (...) mais ce mouvement (de réforme) a ensuite stagné", déplore M. Paaso, estimant pourtant que la France a adopté, en général, la bonne approche.
L'économiste et écrivain français Jacques Attali a appelé sur son blog à interdire production, vente et consommation de tabac afin de se débarrasser d'un produit qui, selon lui, "fait chaque année 5 millions de morts, soit plus que le sida et le paludisme réunis". Mais buralistes, cigarettiers et même des antitabac ont trouvé cette idée irréaliste.
En Finlande non plus on ne croit pas à un arrêt complet de la consommation de tabac et surtout pas s'il fait l'objet d'une interdiction pure et simple.
"Une interdiction draconienne du tabac mènerait vraisemblablement tout simplement à une augmentation du trafic et de l'importation illégale", reconnaît l'auteur de la loi, Ismo Tuominen, dans un communiqué ministériel publié quelques jours avant l'entrée en vigueur des premières mesures.
Pour obtenir la réduction la plus radicale possible de la consommation de tabac, il faut avant tout empêcher au maximum les cigarettiers de faire de la publicité, selon M. Tuominen.
Et jusque-là, les mesures antitabac semblent acceptées par la population.
"La plupart des questions qui m'ont été posées étaient très concrètes, les personnes voulaient notamment savoir si le tabac pourrait être vendu dans certaines conditions très spécifiques", a dit une porte-parole des autorités sanitaires, Laura Nikkanen.
Les professeurs demandent également quelle sera leur responsabilité et leur autorité s'ils voient des élèves fumer dans la cour de récréation.
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