Couche-Tard ferme un dépanneur en voie de se syndiquer
La Presse Canadienne
Montréal
La CSN, qui mène présentement une campagne de syndicalisation des dépanneurs Couche-Tard, affirme que l'entreprise vient de fermer un établissement parce qu'il était en processus de syndicalisation.
En annonçant la fermeture du dépanneur aux employés sur place, mercredi soir, les représentants de la direction l'ont cependant justifiée par un manque de rentabilité. C'est aussi ce qu'a affirmé la haute direction de Couche-Tard, dans un communiqué diffusé en fin d'après-midi jeudi.
Le dépanneur venait pourtant d'être rénové, ont affirmé d'ex-employés.
Treinze travailleurs sont ainsi touchés par la fermeture du dépanneur, situé à l'angle des rues Saint-Denis et Beaubien, dans le quartier Rosemont à Montréal.
Les dirigeants de la CSN ont convoqué les médias, jeudi matin, devant le dépanneur dont les vitres avaient déjà été obstruées par des feuilles de contreplaqué et qui était surveillé par un agent de sécurité.
«Avis à nos clients: le magasin est fermé. Nous serons heureux de vous servir au 8299 rue St-Denis et au 8275 boul. St-Laurent. Merci! La direction Couche-Tard», pouvait-on lire sur une affiche, avec l'image du hibou qui fait un clin d'oeil, le logo de Couche-Tard.
Robin Maranda, une ex-employée du dépanneur, qui travaillait encore mercredi à 23h30, a relaté le moment où elle a vu une coordonnatrice arriver au dépanneur avec d'autres personnes. «Elle m'a dit «on ferme le magasin, il y a trop de pertes, ça ne marche plus'. Elle m'a dit «prends tes affaires et va-t'en', c'est tout. Elle m'a donné une feuille de cessation d'emploi, expliquant les huit semaines de salaire, huit semaines de préavis, c'est tout.»
Mme Maranda a dit qu'elle était encore «un peu sous le choc» de ce qu'elle venait de vivre. «On ne peut pas se faire transférer ailleurs, dans aucun autre Couche-Tard, vu qu'on a eu une tentative de syndicalisation; on est comme un virus, littéralement», a-t-elle commenté.
Le vice-président de la CSN, Louis Roy, et le président de la Fédération du commerce, Jean Lortie, ont juré que la centrale syndicale de 300 000 membres ne se laisserait pas faire.
«Le message qu'on veut passer à la direction de Couche-Tard, c'est que ça n'intimidera pas les employés qui étaient en processus de syndicalisation partout au Québec, dans plusieurs Couche-Tard, a dit M. Lortie. Également, il faut que Couche-Tard cesse d'avoir peur d'avoir un syndicat dans leur entreprise. C'est là pour négocier des conditions de travail raisonnables avec leurs employés. Une stratégie de sabotage, une stratégie antisyndicale comme ça ne portera pas fruit.»
Un premier dépanneur Couche-Tard a obtenu son certificat d'accréditation syndicale, à l'angle des rues Jean-Talon et Iberville, à Montréal.
De plus, des requêtes en accréditation avaient été déposées pour trois autres établissements de la chaîne, soit un à Saint-Liboire, un à Longueuil (arrondissement Saint-Hubert) et celui qui vient d'être fermé à Montréal, a précisé M. Lortie.
Une autre ex-employée, Joliane St-Amant, a tenu à encourager les employés des autres Couche-Tard qui pourraient songer à se syndiquer. «Je veux lancer un message aux autres Couche-Tard qui sont en processus ou qui y pensaient. J'espère que ça ne les arrêtera pas», a affirmé l'ancienne employée qui travaillait là depuis trois ans.
De son côté, la haute direction de Couche-Tard a assuré que le dépanneur en question a été fermé pour des raisons «administratives».
«Couche-Tard a toujours appliqué une politique rigoureuse d'analyse du rendement de ses magasins. Ils sont donc régulièrement soumis à une grille d'évaluation très stricte. Malgré des mesures correctives, l'établissement concerné n'atteignait toujours pas les standards établis par l'entreprise et demeurait ainsi non rentable», écrit le géant de l'accommodation dans un communiqué.
Couche-Tard affirme n'avoir eu «d'autre choix que de devoir procéder à sa fermeture immédiate».
L'entreprise rappelle que bon an mal an, elle ferme ainsi une dizaine de succursales chaque année. «D'autres dépanneurs sont fermés régulièrement par Couche-Tard parce qu'ils n'affichaient pas le rendement souhaité et ne s'inscrivaient donc plus dans le modèle de gestion du détaillant», réplique la direction.
Curieusement, en 2010, Alimentation Couche-Tard faisait partie du «Défi meilleurs employeurs», lancé par l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés, Les Affaires et Towers Watson. Couche-Tard avait été remarqué pour sa «culture de l'écoute» de ses employés et ses bonnes pratiques en matière de ressources humaines.
Le 30 janvier dernier, Couche-Tard exploitait 5874 magasins au Canada et aux États-Unis, employant 53 000 personnes dans son réseau.
Avant Couche-Tard, deux géants du commerce de détail et de la restauration rapide, Wal-Mart et McDonald's, ont eu maille à partir avec une campagne de syndicalisation dans leurs établissements.
mais je ne serai jamais sans emploi tant que je pourrai me tenir sur mes deux jambes...par contre, des Carbonneau de ce monde et des Duceppe de ce monde, ces sangsues me dégouttent, tous les deux CSN wall to wall....
