Le boxeur américain Bernard Hopkins admet qu’il a grandement apprécié son premier long séjour à Montréal, au point qu’il souhaite y revenir. Et pour boxer encore une fois.
«Ce serait chouette de revenir boxer à Montréal, et cette fois, je pense que ce serait une bonne idée que j’affronte votre autre vedette locale, Lucian Bute», a déclaré Hopkins.
Mais tout indique Bute (28-0-0), qui est champion mondial des poids super moyens (168 livres) de l’IBF, ne passera pas à la division des mi-lourds (175 livres) avant la fin de 2012. Il doit normalement faire face au Danois Mikkel Kessler (43-2-0) au cours de l’automne, puis affronter le vainqueur du «Super Six» le printemps prochain.
À condition, il va sans dire, de demeurer invaincu d’ici là.
Le «Super Six» est ce tournoi des 168 livres financé par le réseau de télé américain Showtime.
Samedi soir dans le ring du Centre Bell, en présence de 17000 spectateurs enflammés, Hopkins a inscrit son nom en lettres majuscules dans le grande livre d’histoire de la boxe professionnelle en devenant le plus vieux boxeur à conquérir un titre mondial majeur.
Âgé de 46 ans, Hopkins (52-5-2) a détrôné le Québécois Jean Pascal (26-2-1) à titre de champion mondial des poids mi-lourds (175 livres) du WBC, en le battant par décision unanime des juges. Une bataille intense et corsée qui a manifestement comblé la foule.
Hopkins a déclaré aux journalistes américains que lorsque l’annonceur-maison Michael Buffer a hurlé : «Vainqueur par décision unanime des juges», il savait que l’arbitre britannique Ian John-Lewis allait lui lever le bras.
Même à 46 ans, Bernard Hopkins n'a perdu ni le sourire ni le talent. Photo Pascal Ratthé
Le plus intelligent?
«J’étais convaincu d’avoir été volé le 18 décembre à Québec lors de mon premier affrontement avec Pascal, mais là, justice a été rendue, a confié Hopkins. Pascal y est allé d’un effort magistral, mais le plus intelligent dans le ring, c’était moi. Celui qui a touché la cible le plus souvent, c’est moi. Celui qui a gagné la bataille stratégique, c’est moi. Celui qui a dominé le plus de rounds, c’est moi.»
Lorsqu’un journaliste lui a demandé s’il se considérait comme un phénomène ou un extra-terrestre, compte tenu du fait qu’il venait de remporter son 21e combat de championnat du monde à l’âge de 46 ans, Hopkins a souri.
«Lorsque j’avais 37 ou 38 ans, j’avais promis à ma mère que je ne boxerais plus à 40 ans, avoue Hopkins. Je n’ai pas tenu ma promesse et j’ai le regret de vous dire que... je ne regrette pas d’avoir menti. Je viens d’accomplir un exploit, vrai ou pas vrai? Parfois, je me permets de croire que je vais encore boxer et gagner des combats de boxe majeurs à 50 ans. Je ne suis pas un extra-terrestre. J’ai toujours été un boxeur ultra discipliné, qui a toujours surveillé religieusement son alimentation, qui s’est toujours entraîné comme un enragé, et qui n’a jamais encaissé de raclées dans le ring.
«Certains m’ont reproché d’être trop défensif, mais allez-vous me dire que les boxeurs qui encaissent des coups à la tonne à chaque combat ont des chances de connaître de longues carrières comme la mienne? Voyons!
«Aucun doute que cette discipline personnelle a grandement contribué à me permettre de devenir le premier boxeur de 46 ans de l’histoire à conquérir un titre mondial majeur. Ecoûtez, depuis l’âge de 40 ans, j’ai livré deux guerres à Jermain Taylor, j’ai battu Antonio Tarver, Ronald «Winky» Wright, Kelly Pavlik et Roy Jones fils, et livré une bataille époustouflante à Joe Calzaghe. Et allez-vous me dire que j’avais l’air d’un boxeur au déclin ici à Montréal?»
Petit conseil à Pascal
«Je serai le gars le moins surpris du monde si Pascal met la main sur une autre ceinture mondiale en 2012, a déclaré le célèbre boxeur de Philadelphie. C’est un gars doué et déterminé.
«Seulement, Jean devra tirer une leçon de cette défaite que je viens de lui infliger. Il est un jeune loup un peu trop affamé. Il doit se calmer dans le ring. Il doit boxer et cesser d’essayer d’arracher la tête de ses rivaux.
«Pensez-vous que je ne savais pas que Pascal allait essayer le coup de circuit contre moi, devant ses partisans? Je l’attendais. Il m’a touché quelques fois avec ses longs coups de puissance, mais la plupart du temps, j’en profitais pour couper ses combinaisons et l’atteindre solidement. J’estime avoir livré un combat très intelligent dans les circonstances.»
Le 18 décembre, au Colisée Pepsi à Québec, Pascal et Hopkins avaient fait match nul, alors que deux des trois juges avaient inscrit des scores de 113-113 et 114-114. Au mois de janvier, le comité de championnat du WBC avait décrété la tenue d’un match revanche. Pascal était donc tenu de rencontrer Hopkins une deuxième fois avant de faire face à Chad Dawson (30-1-0) une deuxième fois.
«Ceux qui me connaissent savent que j’ai toujours mieux boxé dans les combats revanches», affirme Hopkins.
Hopkins devrait affronter Dawson au mois de novembre. Le WBC avait promis à Dawson que s’il battait Adrian Diaconu, il allait rencontrer le gagnant du deuxième affrontement Hopkins-Pascal. Dawson a vaincu Diaconu par décision unanime des juges samedi soir.
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