Le président de la
Société de transport de Montréal,
Michel Labrecque, est un homme ambitieux. Après que la STM eut reçu en
2010 le titre de «meilleure société de transport en Amérique du Nord»,
décerné par l’
American Public Transportation Association (APTA), il souhaite qu’elle soit parmi les meilleures au monde dans sa catégorie.
«Il y a entre 30 et 50 sociétés dans le monde qui font, comme nous, entre 300 et 600 millions de déplacements par année», a
-t-il dit hier aux invités du Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).
Michel
Labrecque est un homme convaincant et plein de gros bon sens, comme en
font foi les entrevues qu’il a accordées hier. Mais sincèrement, je
crois qu’il fait preuve d’une indécrottable bonhomie.
Car la réalité est simple: le service de transport en commun se détériore grandement à Montréal.
Les
interruptions de service dans le métro sont quotidiennes. Bien sûr, la
STM nous répète que c’est souvent la faute des usagers (les fatigants
qui bloquent les portes ou tirent l’alarme, ce que je n’ai jamais vu en
décennies de fréquentation).
Mais on sait que la plupart de
temps, ce sont les équipements qui lâchent. Et on ne parle plus
simplement de mécanique. La semaine dernière, tout le réseau a été
paralysé pendant plus d’une heure en raison d’un «problème
informatique». Vous avez bien lu: un problème informatique.
Les chiffres sur les
pertes économiques dues aux embouteillages à Montréal circulent régulièrement . Mais on entend moins
celles encourues par les retards dus aux pannes du transport en commun.
Michel
Leblanc, le président de la Chambre de commerce du Montréal
métropolitain, les estime à 11 millions de dollars pour chaque heure
perdue.
D’usagers à clientsMichel Labrecque
n’est pas responsable de l’imbroglio administratif qui a marqué l’appel
d’offres pour la fabrication de nouveaux wagons de métro et retardé
d’autant le processus de trois, voire quatre ans.
Mais le fait est
que nos wagons sont arrivés à la fin de leur vie. Et qu’aucun nouveau
n’est en chemin vers Montréal. «On en paye le prix. N’eut été de ces
retards, on devrait déjà avoir reçu de nouveaux wagons», dit Gérard
Beaudet, professeur titulaire à l’Institut d’urbanisme de l’Université
de Montréal, et associé à l’Observatoire de la mobilité durable.
Lui-même
utilisateur du transport en commun, il voit depuis un certain temps des
voitures avec un ruban jaune qui barre une porte. Et pire: un wagon
complet inutilisable, mais qu’on avait laissé sur le train afin de
respecter la longueur minimale. «C’est la première fois que je vois ça.
On est rendu au bout du rouleau.»
Et ce qui inquiète encore
davantage cet expert, ce sont ces pannes nouveaux genres, de type
informatique. «Tout le réseau qui saute en même temps… Il faudra bien
qu’on nous explique ce qui se passe. Y’a-t-il eu un virage informatique
raté? Ou bien le système est en fin de vie utile? Ce n’est pas
anecdotique. La STM doit être plus transparente.»
Michel Labrecque, président de la Société de transport de Montréal (STM). (Presse Can …Ce
qui n’est pas sa tasse de thé. Hier, Michel Labrecque se désolait qu’il
n’y ait pas «de temps réel dans notre réseau d’autobus pour savoir sur
son iPhone à quelle heure va arriver l’autobus».
C’est très
bien, mais la communication à la STM, ou le manque de communication, va
bien au-delà d’une application en temps réel sur iPhone. Il passe par:
que se passe-t-il réellement? Si je ne suis pas satisfait, à qui puis-je
le dire?
Essayez de déposer une plainte ou de simplement poser
une question. La STM ne répond pas, ou le fait des mois plus tard. Je le
sais, je l’ai essayé. À plusieurs reprises. La STM traite les usagers
comme des «clients», une nouvelle terminologie mise en place par des
firmes de communication.
«C’est comme s’ils nous faisaient une
faveur», me dit une amie, qui a eu maille à partir avec le service des
communications de la STM la semaine dernière. Un client, par définition,
a le choix. «Il désigne la personne ou l'entité qui prend la décision
d'acheter un bien ou service, de façon occasionnelle ou habituelle, à un
fournisseur», dit Wikipedia.
Les Montréalais ne prennent pas de
«décision» quant à leur fournisseur. S’ils veulent se déplacer en
transport collectif, ils n’ont pas d’alternative à la STM. Et bien sûr,
le métro n’est qu’une partie de l’offre de service de la STM.
Je reviendrai sur le transport terrestre, qui souffre d’autres maux.