La dernière chronique de Stéphane Berthomet dans le
JDM.
Mon aventure au Journal de Montréal prend fin aujourd’hui, une belle histoire mouvementée et passionnante.
Ce vendredi matin aura démarré fort avec la conférence de presse d’Adil Charkaoui passant au fil de la critique tout ce qui écrit dans un journal, parle à la télé ou commente à la radio.
J’apprends par les médias sociaux qu’il me cite en me critiquant vertement parce que j’ai parlé en ondes d’un lien entre le Centre Communautaire Islamique de l’Est de Montréal et un site web, « Kitâb.com » qui, entre autres nombreux ouvrages, dispose d’un onglet intitulé « Al Jihad » sous lequel se trouve une abondante littérature allant de l’appel au djihad jusqu’au petit guide du parfait combattant djihadiste.
Alors Adil Charkaoui est en colère et il accuse et parle de manipulation.
Je le comprends, quand on dit qu’on lutte contre la radicalisation et qu’un lien sur le site du centre communautaire qu’on dirige pointe vers une bibliothèque virtuelle qui contient (entre autres ouvrages sans conséquence il faut le reconnaître) vers tout un rayon qui pourrait se nommer « Vive le djihad », ça fait désordre.
Surtout qu’à la date d’hier, avant que la meute journalistes et des curieux ne se ruent sur le site en question, l’onglet « Al jihad » figurait déjà dans le haut de la liste des endroits du site les plus consultés.
Un peu comme si, pour aider des jeunes à ne pas tomber dans l’enfer des gangs, on les envoyait se promener justement dans un quartier aux mains des Crips ou des Bloods.
Alors on peste contre les « pseudo-experts »... français (moi) et les journalistes... français (Fabrice de Pierrebourg) ainsi que tous ceux qui couvrent la nouvelle.
Une attaque ad hominem, du type de celles qui frappent régulièrement ceux qui portent un message qui dérange où sortent des informations gênantes.
Une attaque qui vise les porteurs et pas le message, parce qu’il est plus facile de démolir le messager que de démonter son propos ou contredire l’info.
Le genre d’attaque d’ailleurs dont je suis de plus en plus souvent l’objet.
Une chose à laquelle il faut s’habituer me dit-on, car cela vient avec la notoriété, cette notion déformée de la visibilité.
Mais revenons à Adil Charkaoui qui, au lieu de reconnaître une regrettable erreur, au lieu de dire qu’il est impensable de mettre un lien sur un site communautaire qui puisse mener à des ouvrages prêchants l’appel à la haine et au meurtre, éructe et accuse.
Parce que c’est bien une erreur, hein? Monsieur Charkaoui? Rassurez-nous?
Mais bref, monsieur Charkaoui, juste un conseil : si vous voulez prêcher la paix pour vos jeunes, ne leur montrez pas la guerre, ni en librairie virtuelle ni en conférence de presse.
Parce que c’est la base que d’enseigner par l’exemple.
À propos d’enseignement justement, je reviens au titre de ce blogue qui prend fin aujourd’hui.
Une expérience riche en enseignements, découvertes et rebondissements qui, comme toutes les bonnes choses à une fin. Aujourd’hui justement. La dernière chronique.
Avant de fermer la porte de ce blogue et mettre la clef sous le tapis pour le/la suivant(e), je tiens à remercier le journal de Montréal pour cette belle aventure pas toujours reposante... pour eux comme pour moi!
Surtout je tiens à remercier ceux et celles qui sont venus lire ces pages, partager les infos, commenter et questionner mes points de vue et prises de positions souvent assez tranchées.
Merci à vous tous et toutes,
Et à bientôt.
PS : Photo sans aucun rapport, le SPVM qui m’aura offert la plus grande partie de la matière première de mes billets.
Sans rancune, vraiment. En ce qui me concerne en tout cas. Et bravo pour le bon boulot que vous faites dans l’immense majorité des cas.
(N.D.L.R. Madame Janine Krieber, spécialiste des questions stratégiques et de terrorisme, amorce sa collaboration au Journal dimanche)
http://www.journaldemontreal.com/2015/02/27/adil-charkaoui-et-ma-derniere-chronique
