Richard Martineau / Franc-parler, 38 mots
Le noir désir de Wajdi Mouawad
Avant de discuter de l’affaire Cantat, les faits.
Le chanteur de Noir Désir n’a pas « été mêlé à une sombre histoire de violence conjugale » : il a battu sa conjointe, Marie Trintignant, à plusieurs reprises, et alors qu’elle agonisait sur le plancher dans son sang, comme une bête, comme un déchet, au lieu d’appeler l’ambulance, monsieur est allé tranquillement cuver son vin sur un sofa pendant plusieurs heures.
Résultat : la comédienne est morte des suites de ses blessures.
UN MEURTRE ABOMINABLE
Pour le jury qui a condamné Cantat, le chanteur jaloux et possessif a commis un « homicide involontaire ».
Pour moi, il a tué une femme, point. Frapper violemment une femme à la tête et ne rien faire pendant DES HEURES alors qu’elle gémit dans son sang, c’est un meurtre crapuleux qui mérite beaucoup plus que quatre années de prison.
Imaginez maintenant ce qui aurait pu arriver si c’était un animateur de radio (de Québec…), un politicien (conservateur…) ou un banquier qui aurait agi de la sorte.
Wajdi Mouawad et Lorraine Pintal se seraient-ils empressés de prendre sa défense ? Auraient-ils demandé à la population de faire des efforts pour réinsérer ce pauvre homme dans la société ?
Poser la question, c’est y répondre.
Regardez comment le milieu artistique a réagi dans l’affaire Jeff Fillion, et le gars n’avait tué personne, il me semble !
RÉHABILITONS GUY CLOUTIER !
Madame Pintal dit que Bertrand Cantat a purgé sa peine et qu’il a le droit de pratiquer à nouveau son métier, qui est de chanter.
D’accord.
Est-ce à dire que vous n’hésiteriez pas une seconde à donner un rôle à un comédien qui a fait de la prison pour possession de porno juvénile, alors ?
Ou à travailler avec Guy Cloutier ?
Croyez-vous que La Presse, Le Journal de Montréal, TVA ou Radio-Canada réembaucherait un journaliste qui a fait de la prison pour homicide ?
Jamais de la vie.
Savez-vous pourquoi ? Parce qu’un journal, une station de télé (et un théâtre) ne sont pas des lieux de travail anodins. Ce ne sont pas des usines, des établis ou des bureaux comme les autres.
UN STATUT PARTICULIER
Monter sur les planches du TNM, ce n’est pas comme fabriquer anonymement des meubles dans un entrepôt situé au beau milieu d’un parc industriel.
D’ailleurs, ce n’est pas ce que les artistes disent : « Nous avons un statut particulier au sein de la société » ?
Eh bien, ce statut ne vient pas qu’avec des privilèges, mais aussi avec des responsabilités.
Et l’une de ces responsabilités est qu’on ne banalise pas la violence conjugale.
« Ce n’est pas Bertrand Cantat le meurtrier qu’on a invité, mais Bertrand Cantat l’artiste », m’a lancé Lorraine Pintal hier.
Désolé, mais dans la tête de la plupart des gens, les deux sont indissociables.
Un vient avec l’autre.
Chaque fois que les gens applaudissent Cantat, ils participent à effacer encore un peu plus le crime qu’il a commis — et avec lui, la mémoire de sa victime.
DOUBLE STANDARD
Bizarres, les artistes, quand même…
Ils crient au meurtre lorsqu’un politicien coupe dans leurs subventions.
Mais ouvrent grands leurs bras à de vrais meurtriers, sous prétexte qu’il ne faut pas juger les gens.
Comprenne qui pourra…